I PLUS longue est la vie des mots que celle des hommes, — et même quand les mots sont devenus des noms, c’est à dire quand ils désignent une certaine individualité vivante ou abstraite. Dans l’histoire de l’art, des noms servant à qualifier des périodes: «Byzantin», «Roman», « Gothique », « Renaissance » continuent d’exister, bien que les idées actuelles répondant à ces mots n’aient plus guère de rapports avec celles qu’ils enveloppaient jadis. Les anciennes idées n’ont pas résisté à l’analyse, aussi les qualifications qui s’y rattachaient nous semblent avoir depuis longtemps perdu leur sens. La preuve est faite, aujourd’hui, que le rôle de Byzance ne s’est pas exercé à l’exclusion de tout autre en cet art que l’on appelle byzantin, et que la part de Rome est encore moins sensible en cet art appelé roman. Le mot «gothique» lui aussi nous semble depuis longtemps relégué au rang des curiosités philologiques, de même que le mot «baroque»; et pour ce qui est des idées sur la Renaissance, où l’on ne voyait qu’une résurrection des arts et des sciences antiques, le dernier des manuels scolaires s’applique avec succès à les battre en brèche. 1