sans nier l’admiration due à l’héroïsme serbe, doivent-ils se persuader qu’il y a une trop évidente énormité de disproportion entre ce que perdrait l’Italie en renonçant à ses propres frontières naturelles et ce que perdront les Slaves méridionaux en se détachant politiquement de leurs congénères qui résident au dedans de ces frontières. Dans notre cas, la conception géographique coïncide et s’identifie avec la conception stratégique, La période néfaste et humiliante de la Triplice a appris aux Italiens ce que signifie l’absence de frontières sûres. La côte dalmate aux mains de l’Autriche leur a enseigné qu’il ne suffit pas d’avoir une flotte meilleure et plus puissante et des équipages plus nombreux et plus intrépides pour défendre leurs villes maritimes des incursions d’un adversaire sans scrupules; la possession, par cet adversaire, des passages alpins leur a enseigné de même qu’un peuple, aussi valeureux soit-il et quelque conscience qu’il ait de sa valeur, peut se voir obligé à s’humilier au point de paraître l’ami de ses ennemis et l’ennemi de ses amis. C’est pour la sécurité d’une mer qui est bien la sienne, autant que pour être le maître de ses destinées et vivre sans entraves sa propre vie, déjà si féconde en beauté et en vertus, que le peuple italien a voulu la guerre, résolu à combattre jusqu’à ce que le but fixé soit atteint. Ni moins, ni plus. La question adriatique, considérée come problème géographique, est résolue par la science, et l’histoire apporte aussi sa lumière là où la géographie ne nous éclaire pas suffisamment. Une étude minutieuse et très remarquable sur l’Adriatique, écrite avant l’explosion de la guerre mondiale, par un Dalmate anonyme (i), démontre, avec une grande abondance d’arguments et une rigoureuse exactitude (i) L'Adriatico. Studio geogmfco, storico e politico di ***. Milan. Treves Ed. 1914.