IO kilomètres au sud de Fiume, divisent deux régions et deux civilisations distinctes. Mais jusqu’ici les avis ne sont pas, en vérité, très discordants, et l’opinion de ceux qui voudraient fixer les confins de l’Istrie à cette insignifiante petite rivière qu’est l’Arsa, en divisant ainsi, d’une façon scientifiquement absurde, une des plus harmonieuses péninsules européennes, ne trouve pas de partisans sérieux (i). Par contre, le désaccord est sensible entre ceux qui considèrent la Dalmatie comme une terre balkanique et ceux qui, avec des arguments bien plus probants, démontrent l’inanité d’une pareille théorie étayée sur de simples apparences. Certains rapports géologiques entre les deux rives adriatiques corroborent amplement l’opinion d’après laquelle la Dalmatie, à travers ses îles septentrionales, constitue la continuation géologique et en même temps morphologique de la presqu’île istrienne, tout comme l’Istrie est la continuation de la zone située au pied des Alpes orientales (2). Et la Dalmatie n’est-elle pas également isolée, dans toute son étendue, de la péninsule des Balkans par une rude chaîne de montagnes dépassant presque partout 1500 mètres de hauteur ? Cela forme comme une muraille gigantesque qui la tient séparée du hinterland balkanique, alors que la mer où elle se baigne, avec la multitude de ses îles, offre à la Dalmatie des communications aisées, rapides, naturelles. Ces montagnes qui séparent et cette mer qui unit, sont deux termes d’une énorme importance dans les vicissitudes historiques de l’Adriatique. Les Alpes Di- (1) Pour l’appartenance géographique de Fiume à l’Istrie, voir page 30 et suivantes. (2) G. Daineiai. Chapitre intitulé: Caratten geografici délia Dalmazia, dans La Dalmazia. Gênes, Formiggini Ed., 1915.