21 Fiume, la Dalmatie septentrionale et centrale jusqu’à la Narenta; tandis qu’à la Serbie et au Monténégro reviendraient, outre la Bosnie-Herzégovine, la Dalmatie depuis la Narenta et au dessous, y compris une zone plus ou moins vaste de l’Albanie septentrionale. En effet, jusqu’en ces dernières années, on caressait l’idée d’une grande Slavie méridionale s’étendant de Porto Buso, près de Grado, c’est-à-dire depuis l’ancienne frontière italo-autrichienne jusqu’ au delà de Durazzo, et comprenant le Erioul oriental (la région italienne de Cividale incluse !), Gorizia et ses alentours, Trieste, l’Istrie avec Fiume, la Carniole, une partie de la Styrie et de la Carinthie, la Croatie-Esclavonie, une partie du bas plateau magyar, le Banat de Ternes, la Bosnie-Herzégovine, toute la Dalmatie, deux tiers de l’Albanie — et... excusez du peu. — Mais cette idée était bâtie dans les nuages à peu près comme la meghali idhea des Grecs qui rêvent la reconstitution de l’Empire byzantin. Pour contenter les aspirations que chacun des alliés balkaniques de 1912, luttant alors contre la Turquie, tendait à faire valoir, au nom du principe des nationalités, il aurait fallu que la presqu’île des Balkans fût au moins deux fois plus grande qu’elle ne l’est. Ce sont là des exubérances de peuples jeunes, qu’il serait un peu ingénu de faire entrer en ligne de compte dans la discussion du problème adriatique. A l’heure actuelle, l’Italie, qui accomplit envers l’Europe et envers elle-même son devoir de nation civilisée et latine, ne se trouve en présence, dans l’Adriatique, que d’un seul peuple avec lequel elle doit tenter de se mettre d’accord, afin de concilier ses propres intérêts avec ceux de ce peuple. Nous avons nommé la vaillante Serbie. Dans une généreuse émulation avec la France et l’Angleterre, l’Italie a déjà envoyé au secours des Serbes, ses navires et ses soldats, et elle enverra encore, là où il faudra, d’autres navires et d’autres soldats pour leur