4 Il en est qui, pour persuader les hésitants ou pour confondre les adversaires, proposent le plébiscite, (i) Quels sont ces zélateurs ? D’abord quelques rares Italiens, de ceux qui voudraient appliquer à la politique le principe évangélique de la renonciation; puis beaucoup de Français et beaucoup d’Anglais; enfin tous les Slaves, naturellement. Nous ne doutons de la bonne foi d’aucun des avocats de cette cause; mais s’il en existait, par hasard, qui ne fussent pas sincères, nous préférons ne pas tenir compte d’eux. Notre écrit s’adresse aux hommes loyaux, capables de se raviser aussitôt que des éléments, précédemment ignorés ou connus de manière imparfaite, viennent modifier les termes d’un raisonnement et, partant, ce raisonnement lui-même. Nous croyons que le simplisme arithmétique au moyen duquel on pense arriver à résoudre toutes les questions inhérentes au principe des nationalités est une erreur très grave. Ce qui paraît simple est, au contraire, exceptionnellement complexe de par sa nature. (2) Les questions nationales ne peuvent presque jamais être réduites à une valeur purement numérique, même si ce n’était que pour la commodité de leur solution; la nation et la nationalité ne se conçoivent pas abstraitement, en dehors de la réalité géographique dont elles sont inséparables, de (1) La proposition laisse, à vrai dire, un certain doute sur la sincérité des sentiments qui l’ont dictée. En effet, la France et la Serbie ont repoussé l’idée du plébiscite, l’une pour 1’Alsace-Lorraine, et l’autre pour la Bosnie-Herzégovine. A ce propos, Camille Mauclair (« Dépêche de Toulouse », numéro du 8 août 1916) dit, justement, qu’admettre le plébiscite pour l’Alsace-Lorraine équivaudrait à « faire croire que la France n’est pas absolument sûre de son droii ». (2) V. Henri Hauser. Le principe des nationalités. Alcan Ed. Paris, 1916. L’auteur démontre les difficultés insurmontables qu’on rencontrerait en voulant appliquer à toutes les questions le principe des nationalités.