15 descentes teutonnes — qu’aux Alpes Juliennes — porta patentissima d’Italia — (i), et aux Alpes Dinariques, limite orientale qui doit être reconquise afin de rendre la mer latine à la paix et à la patrie. IV. Sauver les dernières poignées d’italiens qui l’attendent sur l’autre rive adriatique est aussi une question de dignité nationale pour l’Italie. Ce qui, de l’italianité dalmate, reste encore de vivant et d’alerte, constitue l’expression la plus dramatique des souffrances endurées par l’Italie « irrédente ». Il faut voir dans la Dalmatie, non pas un conflit d’intérêts slaves contre des intérêts italiens, mais la lutte d’une minorité qui défend son droit de respirer une haute et millénaire civilisation contre ceux qui voudraient lui imposer une civilisation nouvelle, exotique, qui est loin, bien loin, d’être aussi parfaite que l’ancienne et qui semble même incapable d’évoluer rapidement (2). Lutte obscure, inégale, terrible, riche de pages d’une valeur incomparable dans l’histoire de l’idée latine; aussi belle aux heures de l’espérance qu’aux heures du désespoir; grande en son exiguïté, parce qu’elle s’élève au dessus des mesquines valeurs matérielles de l’espace et du nombre; idéalement grande, profondément significative et digne de la victoire, (1) C’est ainsi que s’exprime le Nonce Apostolique Malaspina dans un rapport envoyé d’Allemagne, en 1580, sur le péril turc. V. Tamaro, ouvr. cit. (2) C’est là une réalité, et en faire la constatation ne doit pas paraître une offense au valeureux peuple serbe. Il serait douloureux pour tout Italien si, notamment les Français, glorieux gardiens, eux aussi, du lumineux patrimoine latin, récusaient aux soldats de la latinité dalmate jusqu’à cet appui moral qui vient de la sympathie.