17 autonome ensuite, vénitienne enfin — a laissées sur ces rivages; telles sont ces marques dans lesquelles un Slavophile comme l’académicien Louis Léger peut ne voir autre chose qu’un vernis italien (i), mais qui demeurent quand même gravées profondément sur cette terre de Rome, des Communes Dalmates et de Venise et qui sont une éloquente manifestation extérieure de tout ce qu’il y a de plus noblement latin dans l’esprit et le cœur des minorités courageuses qui défendent, sans jamais fléchir, l’italianité des petites villes dalmates. Devant cela, le nombre compte bien peu. Il y a trente-cinq ans à peine, toutes les municipalités de la Dalmatie maritime étaient italiennes. La campagne était slave alors, de même qu’elle l’est aujourd’hui; mais, des centres urbains, l’italianité répandait sur les zones rurales comme une lumière de bien-être et de civilisation. Avec les Italiens, dominait en Dalmatie, non seulement une aristocratie de la richesse ou de l’aisance (2), mais aussi une aristocratie de l’intelligence et du progrès. Les choses commencèrent à changer après 1866, par la volonté de l’Autriche, décidée à suivre le conseil qu’avait donné, quelques années auparavant, le vieux maréchal Radetzky: préparer la conquête de la Bosnie-Herzégovine « pour créer ainsi une défense plus grande de la Dalmatie et de l’Istrie contre les sentiments italiens de ces terres ». Pour y réussir, l’Autriche recourut aux Croates, qui avaient rendu de si bons services, sous l’habit de (1) «Les principales cités du littoral (dalmate) ont pris un vernis italien ». (LÉGER. La liquidation de VAutriche-Hongrie. Paris. Alean Ed. 1915). Il doit être cependant singulièrement efficace, ce vernis, pour qu’un autre Slavophile français se résigne, afin de se faire comprendre, à donner aux villes dalmates « leurs noms italiens, qui sont les plus connus ». (Charges Veixay. La question de l'Adriatique. Paris. Chapelot Ed. 1915). (2) Plus d’un tiers des impôts directs en Dalmatie est payé, encore aujourd’hui, par le contribuable italien. 2