38 sa domination effective sur toute la Dalmatie actuelle (i) que pour une période relativement brève. Depuis 1356 sa domination directe s’exerçait de la Zermagna à la Narenta. La petite république de Raguse, bien que profondément imprégnée de « vénitianisme», menait une existence à part, et, entre le xvèœe et le xvnême siècles, voyait fleurir en son sein une littérature italo-slave, inspirée de la Renaissance italienne. Bien qu’elle ne soit autre chose qu’une simple parenthèse slave dans la littérature italienne — tellement elle procède de celle-ci et tellement elle diffère de toute production originale serbe ou croate — cette littérature que les serbophiles voudraient présenter aujourd’hui comme la quintessence de l’art et de la pensée serbes, devrait constituer une des plus fortes raisons idéales de leurs aspirations sur la Dalmatie. (2) Aujourd’hui, le serbisme pris en soi comme une chose différente du croatisme ou de la nébuleuse conception pan-slave, se trouve circonscrit, en Dalmatie, seulement dans quelques-uns des petits et d’ailleurs très insignifiants centres habités par la population serbo-orthodoxe immigrée au sud de la Narenta. Les rares oasis serbo-orthodoxes, formées aux environs du xviême siècle, dans les parties (1) Le mot « Dalmatie » ne désignait, avant la domination autrichienne, que la seule partie de la Dalmatie d’aujourd’hui, qui est située au nord de la Narenta. (2) Les auteurs de cette littérature tant célébrée étaient italiens, et la forme slave de leurs noms est une invention de falsificateurs modernes. D’après tous les documents originaux, les noms des plus connus parmi ces auteurs dont les historiens ra-guséens disent « qu’ils ont adopté la langue des peuples voisins » sont; Giorgio di Nicolô Versa, Mauri de li Vetran ou Mauro Ve-terano, Pasco di Primo Latini, Giunio Palmotta, Ignazio Tudisi, Giovanni di Francesco Gondola, Giacomo Palicuccia, etc. (V. Ta-maro, Ouvr. cit, pages 202-209). La littérature italo-slave de Raguse ignore les chants populaires serbes, tout comme elle ignore complètement, même après le xvn siècle, Marco Kraljevitch.