*3 L’Adriatique est la force de l’Italie (i), tout comme l’Italie est la fortune de l’Adriatique. Rome, dès qu’elle est maîtresse de la presqu’île italique, sent le besoin vital de dominer l’Adriatique et elle en conquiert les rives orientales et lui donne un caractère national unitaire, ainsi qu’ont voulu faire, avant elle, les Grecs, avec Denys de Syracuse, ainsi que fait plus tard Byzance quand, de l’Adriatique, elle étend son domaine sur l’Italie, ainsi que, plus tard encore, fait la Sérénissime République vénitienne. (2) Des milliers d’années d’histoire consacrent l’indivisibilité entre la Dalmatie et l’Italie, sanctionnent la nécessité pour l’Italie de dominer toute l’Adriatique, démontrent que jamais une paix féconde en bonnes œuvres de civilisation ne fut possible quand un seul peuple ou un seul Etat n’a pas eu la suprématie incontestée sur cette mer. (3) Ceux qui croient que Pola, Vallona et quelques îles suffisent pour assurer notre domination sur l’Adriatique, se trouvent dans l’erreur. Les menaces contre la côte (1) Procope appelle la Dalmatie la force de l’Italie et Porphy-rogénète « côte ou pays d'Italie ». V. Tamaro. Italiani e Slavi neil’Adriático. Roma, 1915. (2) Napoléon fit la même chose en rattachant, en 1806, la Dalmatie au royaume d’Italie et en continuant à la traiter comme terre italienne même quand il la réunit à la Province d’IUyrie. (V. Pisani. La Dalmatie de 1797 à 1815). Cavour a considéré également l’Italie et la Dalmatie comme deux unités indivisibles lorsqu’il entra en pourparlers avec Na poléon III au sujet de la formation d'un Royaume d’Italie. (V. BianChi. Storia documéntala délia diplomazia in Italia, dal 1814 al 1861, VIII, 14). (3) Talleyrand, dans une lettre adressée à Napoléon (d. c. 7 septembre 1797), affirme de manière très explicite que l’empire de l’Adriatique a toujours appartenu à la Puissance qui a possédé la Dalmatie. La guerre actuelle vient de corroborer, avec une précision absolue, cette vérité que le génie intuitif du grand homme d’Etat français a établie depuis plus d’un siècle.