LA TURQUIE ET LES PUISSANCES 267 pointus ; sa curiosité l’amenait naturellement à tout connaître et sa sympathie lui ouvrait à Stamboul les portes les plus difficiles et les cœurs les plus fermés. Il fut en peu de temps l’homme le mieux renseigné de tout le corps diplomatique. Mais il était visible que Constantinople n’absorbait pas entièrement son attention. Le service de renseignements qu’il avait installé poussait ses antennes jusqu’au Caucase et à l’Asie centrale. Rien d’important ne se passait en Géorgie ou en Azerbaïdjan, en Afghanistan ou en Perse, sans que le bureau japonais de Constantinople en fût rapidement informé. On en conclut que le Japon se préoccupait d’avoir une politique en Asie centrale, ce qui était tout naturel ; on aurait pu observer en outre, ce qui était plus nouveau, qu’il avait conscience des liens qui unissent les nations du centre de l’Asie aux Turcs d’Angora, à ceux de Constantinople, et au Califat. Que le Califat mul-sulman pût rendre certains services au Japon dans le cas d'un conflit avec la Chine, c’était une explication : il y en avait d’autres moins lointaines. Plus encore que l’Américain, le Japonais s’est gardé de prendre jamais parti pour ou contre la politique orientale de telle puissance européenne. Mais ils ont marqué l’un et l’autre, en plus d’une occasion, leur sympathie pour le peuple turc et leur préférence pour une solution qui respectât son indépendance et tînt compte de ses revendications légitimes. Par l’intervention des Etats-Unis et du Japon, la question d’Orient se trouve transformée ; elle cesse d’être européenne pour devenir mondiale. Elle 11 en a que plus de chance d’être résolue conformément à l'équité et à l’intérêt général. Plus nom-