LES îürCs et l’islam 155 tions» ; et il me rappela les chaires instituées à l’Université de Leyde et les admirables travaux de Snouck Hurgronje. Je ne sus que répondre à une question, que je m’étais bien souvent posée moi-même. Que nous puissions, en leur apportant le secours de nos méthodes techniques, aider les Turcs à voir clair dans les origines et dans l’histoire de leur race, à mettre plus d’ordre dans leurs archives, à mieux classer leurs musées et leurs bibliothèques, cela est certain : nous l’avons déjà fait, et j’espère que nous le ierons encore. Mais n’oublions pas qu’il existe en Turquie depuis fort longtemps des chercheurs, des historiens et des savants, des bibliothèques, des musées et des archives, et ne nous donnons pas le ridicule de prétendre découvrir à lui-même un pays qui ne s’ignore point, qui possède en propre une littérature, un art, une civilisation, et où le culte de la tradition est poussé plus loin que chez bien des peuples d'Occident. J’ai fait, sous la conduite alternée de deux guides érudits et obligeants, M. Zia Bey, directeur des Antiquités au ministère de l’instruction publique, et Melnned Ali Bey, attaché à la Dette Publique Ottomane, le tour des bibliothèques de YEvkaf. A Constantinople il y en a trente-quatre. Elles contiennent les manuscrits, les livres, les miniatures et les autographes recueillis par des particuliers, et généreusement offerts par eux à YEvkaf. Evkaf, en turc, est le pluriel de Vakif, et Vakif, qui veut dire proprement « arrêter » ou « s’arrêter », a pris peu à peu le sens de « consacrer définitivement un bien à une œuvre pieuse ». Parce qu’il n’a pas d’héritier, ou parce que ses héritiers ne lui inspirent point confiance, ou sim-