130 LA. QUESTION TURQUE du caractère turc, mais bien plutôt une conséquence des vicissitudes par lesquelles a passé la Turquie. « Quant à l’enseignement secondaire, sous sa forme classique, il répond mal aux dispositions et aux besoins de notre peuple. Les lycées créés en Asie pari 'Union et Progrès n’ont eu aucun succès. On les remplacerait avec avantage par des écoles techniques et professionnelles. Je ne parle pas de l’enseignement supérieur, dont le développement est beaucoup moins urgent : cela viendra plus lard, après que seront venues beaucoup d’autres choses... » Je me gardai bien de dire à Chehabeddin que plusieurs des observations qu’il venait de formuler sur les qualités el les défauts de l’esprit turc et sur la nécessité d’y accommoder les méthodes d’enseignement, je les avais déjà entendues, il y a dix ans, à Smyrne, à Koniah, à Ouchak, dans la bouche d’humbles religieux français qui, sans être philosophes de métier, avaient pourtant cru nécessaire d’étudier la mentalité et de reconnaître les aptitudes des enfants que les populations musulmanes d’Asie Mineure leur confiaient si volontiers. J’admirais cependant comme l’expérience de mon savant interlocuteur concordait avec celle de nos Lazaristes et nos Frères des Écoles chrétiennes. Mais je demandai au docteur : « Des maîtres qui seraient animés de l’esprit nouveau que vous préconisez, ne se heurteraient-ils point à l’opposition du clergé ? v Je ne le pense pas, — répondit Chehabeddin. — Nos prêtres, à ce point de vue, ont déjà fait quelque progrès. Je me rappelle le temps où, dans nos écoles, le même professeur distribuait aux élèves la