224 LA QUESTION TURQUE « Survint la Révolution de 1908. Les JeunesTurcs semblaient, pencher vers les idées libérales et, par conséquent, vers l’Occident. Très habilement, l’ambassadeur d’Allemagne, le baron de Marschall, se retourna de leur côté et, en modifiant, ou plutôt en camouflant sa politique, les gagna. La guerre balkanique ayant éclaté, l’Europe occidentale crut que l’occasion était bonne pour opposer au Drang nach Osten des empires centraux une barrière efficace, que formeraient les états des Balkans, groupés et dressés contre la Turquie. C’était un mauvais calcul : il eût beaucoup mieux valu consolider l'Em-pire ottoman. La Bulgarie était déjà tout acquise à l’Allemagne. Quant à la Grèce, vous avez vous-mêmes éprouvé sa consistance et sa fidélité. Vous ne pouviez donc compter que sur la Serbie, et ce n’était pas assez. La politique antiturque que vous avez faite durant celte période eut pour principal résultat de fortifier la position prise par les Allemands dans notre pays. « Puis vint la guerre de 1914- Le sultan Mehmed V entendait rester neutre dans le conflit. Mais il ne pouvait pas empêcher quelques-uns de ses sujets de se réunir secrètement à l’ambassade d’Allemagne. 11 ne put davantage empêcher ceux que gênait le ministère Kiamil de le faire tomber. Les Jeunes-Turcs revinrent au pouvoir : avec Talaat, Enver et Djemal, les Allemands avaient partie gagnée. Pour ces hommes-là il s’agissait bien des intérêts de l’Empire ! ils ne considéraient que leurs théories, ou leurs ambitions. « Je vous en donnerai un exemple. Quelques jours après que l’Allemagne vous eut déclaré la guerre.