LES TURCS ENTRE L’OCCIDENT ET l’oRIENT 93 plus chaleureux et plus rapide. Lorsqu’il descend de la tribune, l’auditoire reconquis acclame le héros national. Si le général compte dans l'Assembléa et dans les clubs des ennemis nombreux, on ne lui en connaît guère dans l’armée. Les prétendus dissentiments avec Fevzi Pacha, puis avec Kiazim Kara Békir semblent bien n’avoir existé que dans l’imagination de ceux qui avaient intérêt à y faire croire. Moustapha Kemal, adoré par les soldats, est estimé par les chefs, même par ceux dont la valeur technique est peut-être supérieure à la sienne. 11 écoute leurs conseils, ils subissent son ascendant et admirent en lui le grand patriote, l’entraîneur d’hommes et l’organisateur. Cependant on retrouve dans l’État-Major Général la même bigarrure que partout ailleurs dans Angora. Kemal a accepté tous les concours, et surtout les concours techniques, qui, au début, lui étaient indispensables. Les bureaux de la Guerre comptent un certain nombre de collaborateurs étrangers: officiers russes de l’armée rouge, officiers bulgares, officiers allemands. Ces derniers sont les plus nombreux. Vers la fin de 1920, un rapport sérieux en signale nommément dix-sept à Angora : plusieurs sont installés avec leurs femmes, qui travaillent elles-mêmes dans lesorganisationsd’assistance,ouenseignent dans les écoles publiques. Ce sont les épaves de la mission von Kroess. De même on rencontre à Batoum, à Tiflis, à Bakou des agents de propagande germano-bolchévique, qui ne sont autres que les officiers allemands attachés aux armées turques durant la campagne contre les Arméniens, ou accourus au se-