LA. TURQUIE ET LES PUISSANCES 259 lâche, ses bateaux de commerce circulaient entre les Échelles de la mer Égée et les ports de la mer Noire. Depuis deux ans la plus grande part des produits importés, non seulement en Anatolie, mais au Caucase, sont ou bien italiens d’origine, ou bien procurés par l’entremise du commerce italien. L’Italie a été la première, entre les puissances alliées, à renvoyer des consuls à Batoum et à Tiflis pour y protéger ses marchands. A Constanlinople, l’attitude de nos amis et alliés pouvait se définir ainsi : l’Italie laissait aux autres le soin de débrouiller les problèmes politiques, dont elle ne se désintéressait point, mais qu’elle subordonnait à l’action économique. C’est par la navigation, par le commerce, parla finance, que l’Italie entendait affirmer en Orient son influence grandissante. Lorsque, après la chute de M. Giolitti, le marquis délia Torretta remplaça le comte Sforza au ministère des Affaires étrangères (5 juillet 1921), un léger changement se produisit dans la politique orientale de l’Italie. Un journal de Péra, qui servait souvent d’interprète aux hôtes du palais de Venise, parla d’une France « tout absorbée par l’Allemagne et momentanément distraite des affaires d’Orient ». Le même organe laissait prévoir un partage proportionnel de la Méditerranée entre l’Angleterre, l’Italie et la Grèce, et concluait : « Nous estimons qu’étant donné d’une part la situation du monde, de l’autre la franche et réciproque amitié de l’Italie et de l’Angleterre, ces deux puissances en viendront à trouver une ligne de conduite commune en Méditerranée et dans le proche Orient. Ensuite, grâce au trait d’union anglais, la Grande-Bretagne, l’Italie