106 LA. QUESTION TURQUE jamais l’idée anglaise, de transférer à la Mecque le siège du Calife, n’a été acceptée par le monde musulman. Tout cela avait été exposé très clairement d’abord à M. Lloyd George, puis au Conseil Suprême, par le président de la délégation musulmane des Indes, Mohammed Ali, au mois de mars 1920. De l’enquête que je faisais un an plus tard à Constantinople dans les milieux politiques, intellectuels et religieux, un fait se dégageait nettement : le Califat n’était peut-être plus une puissance positive; mais il demeurait à coup sûr une puissance négative, en ce sens que toute attaque dirigée contre son autorité, ses droits, son indépendance, soulèverait aussitôt la protestation violente du monde musulman tout entier. En menaçant l’indépendance du Calife, les Alliés avaient commis une faute, que Berlin et Moscou ne pouvaient manquer d’exploiter contre eux. Ils n’avaient qu'un moyen de la réparer, c’était d’offrir aux Turcs des conditions de paix raisonnables, et de s’entendre avec eux, simultanément à Constantinople et à Angora : l’accord avec les Turcs, c’était un coup décisif porté à la politique germano-russe en Asie, c’était l’effondrement de toute la machine habilement montée contre nous par Berlin et par Moscou. La diplomatie française eut le sentiment très net de cette opportunité ; les Italiens de Constantinople en furent bientôt persuadés , et même quelques Anglais, qui malheureusement n’avaient pas grand crédit. Une médiation était possible au lendemain de la victoire d’Inn Eunu : Londres n’en voulut pas entendre parler. L’armée grecque, au sentiment des