CONSTANTINOPLE ET LE CONTRÔLE INTERALLIÉ 7 un amoncellement de charbon et de vieille ferraille. Pourquoi l’administration militaire française, qui n'avait que l’embarras du choix, a-t-elle jeté son dévolu sur ce lieu célèbre, gâtant comme à plaisir par cette masse noire et informe la claire harmonie d’un décor merveilleux? je n’ai pas réussi àle savoir. Le bateau s’engage dans la Corne d’Or, on débarque. De Galata, toujours encombré et grouillant, la rue étroite et tortueuse qui monte vers Péra livre malaisément passage aux automobiles et aux camions militaires qui montent et descendent en file ininterrompue. La foule qui se presse aux abords du Grand Pont est pittoresque et variée; mais ce n’est plus la même bigarrure : la note disparate et vive, autrefois donnée par les costumes éclatants, brodés d’or et d’argent, dont les couleurs et la forme différaient selon les provinces, n’est plus guère constituée aujourd’hui que par les uniformes des militaires alliés, les houppelandes des Russes et les haillons des mohadjirs (réfugiés turcs). Les trompes et les sirènes des autos mêlent leur vacarme aux cris des marchands ambulants et aux roulements de sifflet des agents de police. Dans la rue de Péra, des patrouilles circulent : ce sont tantôt des marins anglais, tantôt des Américains, tantôt même des Grecs qui, en vertu d’un accord assez mal conçu, participent au maintien de l’ordre. Dans les locaux de leur ancien consulat, en plein Péra, les Hellènes ont installé une mission militaire : c’est là qu’est affiché le communiqué de Papoulas, et que le drapeau du roi Constantin est hissé chaque matin, amené chaque soir en grande cérémonie. A quatre pas de la mission hellénique, en tournant dans une