214 LA QUESTION TURQUE les Turcs. On ne voulut point entendre ces consuls, et on finit par les rappeler. Mais entre temps, le courant libéral faisait du chemin en Angleterre ; les efforts de la Russie pour pénétrer plus profondément en Asie échouaient l'un après l’autre. L’Angleterre cessa de s’appuyer sur les Turcs et, d’accord avec les États-Unis, prit en main la cause des chrétiens d’Orient. C’est alors que, pour notre malheur, intervient l'Allemagne. « Sans hésiter, l’Allemagne se range du côté de nos persécuteurs et recommande, comme la meilleure solution du problème arménien, l’extermination systématique des populations chrétiennes d’Asie Mineure parla déportation et parle massacre. Le massacre, vous savez ce que c’est. Pour comprendre ce que signifie la déportation dans une contrée où il n’y a pas de route, où il n’existe ni stocks de denrées ni ravitaillement régulier, chaque habitant faisant au cours de l’été ses provisions pour le prochain hiver, il faut, je crois, se reporter aux Récits mérovingiens de votre Augustin Thierry. En Turquie d'Asie, la déportation, c'est la mort. « Les succès de la politique allemande en Orient auraient peut-être fini par rapprocher, sur ce terrain, l’Angleterre et la Russie. La puissance de l’Allemagne atteint son apogée, le jour où elle réussit à lancer la Turquie dans la guerre mondiale, avec la double mission de battre la Russie dans la mer Noire et au Caucase, et de faire échec à l’hégémonie orientale de l’Angleterre en menaçant l’Égypte et peut-être les Indes. Mais l’empire russe s'écroule, et tout change de face encore une fois-En toute hâte, l’Angleterre s’installe au Caucase et