LA. TURQUIE ET LES PUISSANCES 229 Cependant les agents de l’Allemagne observent et agissent au Caucase et en Anatolie : on les trouve à Bakou, à Tiflis, à Batoum, à Trébizonde et à Angora. S’ils ne sont pas officiellement à Constantinople, c’est que les Alliés en interdisent l’accès aux ressortissants allemands, autrichiens et hongrois. Mais toutes les polices sont impuissantes contre un ëffort de pénétration aussi subtil, aussi patient, aussi opiniâtre. De môme que les marchandises allemandes arrivent tranquillement à Galata, sous pavillon et connaissement suédois, pour être ensuite réparties dans tout l’Orient, quelquefois même par les soins d’agents français, ainsi l’on rencontre dans Péra des représentants de commerce, des financiers de second ordre, de petits hommes d’affaires, qui, juridiquement, ressortissent à tel consulat neutre ou ami, et dont la seule mission est d’occuper la place, jusqu’au jour où l’Allemagne officielle pourra venir la prendre. J’ai entendu souvent parler allemand à Péra, j’y ai trouvé des journaux allemands, autant que j’ai voulu et peut-être davantage ; et je me demandais parfois ce qu’il en serait, lorsque les Allemands pourront travailler à Constantinople sans se cacher. « Les Turcs ne sont pas assez, et nous sommes trop », c’était aussi le grand argument des Russes. A les en croire, toutes leurs entreprises asiatiques étaient justifiées par le principe des vases communicants: la Russie trop pleine devait fatalement déborder sur l’Asie turque, dont la population, déjà 16