246 LA QUESTION TURQUE Nos efforts devaient tendre, ils doivent tendre encore aujourd’hui à faire reconnaître par les Anglais nos intérêts et nos droits acquis, en reconnaissant nous-mêmes leurs aspirations légitimes et les exigences de leur situation en Orient. Dans les milieux officiels des deux pays, on déclare volontiers que « la question d’Orient doit être résolue en fonction de la politique générale ». C'est une formule excellente. Mais il faut bien constater que cette politique générale, en fonction de laquelle la question d'Oriçnt devrait être résolue, est loin de se présenter aux yeux de l’observateur avec la netteté et la cohérence qui permettraient de la prendre pour base d’une reconstruction, soit en Orient, soit ailleurs. Dans les clauses politiques du traité de Sèvres, comme dans les clauses économiques et financières, c’est l’influence anglaise qui s’affirme prépondérante, et même, pour parler exactement, l’influence d’une certaine conception anglaise du problème oriental. Déjà en 1908, au moment de la révolution jeune-turque, nous avions vu se dessiner à Londres un mouvement d’opinion très caractéristique : on s’y était demandé s’il ne convenait pas à l’Europe de profiter des embarras de la Turquie pour liquider une situation qui, en se prolongeant, risquait de devenir plus difficile. La solution proposée tenait en deux articles : suppression de l’Empire ottoman, fondation d’un grand État arabe. Elle se heurtait à deux obstacles: résistance des Turcs, divisions multiples