152 LA QUESTION TURQUE femme soit électeur ou éligible. Cela est d’ailleurs sans importance. L’essentiel est que les femmes sortent de Tignorance où elles furent trop longtemps maintenues : or elles s’instruisent de plus en plus, dans toutes les classes; de plus en plus elles veillent à l’éducation des enfants, et tendent ainsi à devenir un excellent élément de conservation sociale et religieuse. » Je m’abstins de toute demande touchant la polygamie, sachant qu’il déplaît aux Turcs de discuter cette question avec les Occidentaux, et que d’ailleurs, pour des raisons morales et surtout économiques, la coutume d'avoir plusieurs femmes tend à disparaître. Mais je voulus savoir s’il était vrai, comme je l’avais lu dans le récit d’un voyageur, que les femmes en pays musulman fussent enterrées plus profondément que les hommes, et qu’on entendit marquer ainsi qu’elles auront plus de peine à gagner le Paradis. A cette demande, les Docteurs, tout à l’heure si graves, éclatèrent de rire, et l’un d’eux répondit : « Non, ce n’est pas vrai. Mais, alors que l'homme est enseveli dans trois pièces de toile, il en faut cinq, selon le rite, pour ensevelir une femme. » Je n’essayai pas non plus d’aborder la question de l’esclavage, sur laquelle les musulmans n’entendent point raison. Pourtant, au cours d’un voyage en Turquie d’Asie, j’avais eu loisir de constater que, si à Constantinople les esclaves sont généralement bien traités et occupent dans la famille musulmane une situation qui ne diffère pas beaucoup de celle de nos domestiques, par contre, dans certaines provinces asiatiques et surtout dans les campagnes, le Turc regarde encore aujourd’hui son esclava comme