LES TURCS ET L’ISLAM 165 -.........- ■ - • . -1-—_^u-~ — — liers de menuiserie et de forge. Au flanc de la colline, entre les bosquets, toujours respectés, on a ménagé de petits enclos, où les enfants s’essayent à la culture : chaque famille a son jardin. Ainsi, grâce à ses vieux arbres, aux balustrades de ses terrasses, à l’élégance extérieure de ses maisons de bois, le domaine à peine transformé conserverait intact son aspect luxueux d’autrefois, si l’on ne voyait s’agiter dans les cours et se poursuivre par les allées montantes des enfants vêtus sommairement d’une bure uniforme, jambes et pieds nus, et répandant en une heure, dans ces jardins créés pour la contemplation silencieuse, plus de cris joyeux qu’ils n’en entendirent en un siècle. La plupart des orphelins viennent d’Anatolie : tantôt les habitants des villages occupés, fuyant devant l’invasion hellène, les ont emmenés avec eux, tantôt ils ont été recueillis par les missions du Croissant-Rouge. Ce sont de petits paysans nés robustes, mais souvent affaiblis par la faim, tourmentés par la peur et les mauvais traitements. Celui-là, récemment arrivé de Brousse, cache sous sa peau brune une pauvreté de sang que révèlent des paupières toutes blanches ; celui-ci vient d’Is-mid et porte sur son front la large cicatrice d’un coup de bâton. Tous sont propres et polis. Les pères et les mères qui les élèvent ont le droit de les réprimander, non de les punir. Je demande : « sont-ils dociles? — Les malheureux sont toujours dociles », répond une jeune mère, en ramenant vivement son voile blanc sur son visage. L’entretien de chaque orphelin coûte annuellement deux cent dix livres turques. Une surtaxe de 12