192 LA QUESTION TURQUE sont pourtant liées par une tradition séculaire. Toute entreprise dirigée contre la religion catholique en Orient a l'apparence d’être dirigée du même coup contre la France. A Constantinople et à Ismid, comme à Smyrne, à Eski-Chéhiretà Angora, les écoles catholiques sont, en immense majorité, des écoles françaises. Et, si mes informations sont exactes, nos missionnaires n’ont pas à se louer de la façon dont les Hellènes se sont comportés vis-à-vis d’eux en Asie Mineure, enMacédoineet en Thrace. A Andrinople.nous avions cinq écoles avec 1.200 élèves ; aujourd’hui les trois que nous avons pu rouvrir comptenten semble 180 enfants, dont les parents sont soumispar les autoritéshelléniquesàtoutes sortes de vexations. A Enidgé-Vardar, les Filles de la Charité, religieuses françaises, avaient ouvert une petite école, où les enfants accoururent en grand nombre; le maire de la localité, s’armant d’une loi inconnue, obligea les familles de ces enfants à les envoyer à l’école orthodoxe ou à payer une amende. A Sa-lonique, les journaux grecs officieux dénoncent à grand fracas une mensongère « conspiration de prêtres catholiques, » et les prêtres incriminés sont tous des Français. A Eski-Chéhir, les troupes de Pa-poulas occupent sans réquisition régulière l’église et l’école française. A Brousse, il y a quelques jours (le 6 août) le père Claudien, supérieur des Assomp-tionnistes et directeur du Collège Français, est arrêté sans motif par des gendarmes grecs et conduit comme un criminel, entre quatre baïonnettes, jusqu’au poste de police, pour être relâché quelques heures après. Un nationalisme exaspéré, les passions ordinairement déchaînées par la guerre expliquent