LES TURCS ENTRE L’OCCIDENT ET L’ORIENT 79 auxquelles les puissances alliées offriraient leur médiation. Cependant Moustapha Kemal, fortifié parle prestige d’une résistance victorieuse, maintient énergiquement les prétentions inscrites aux programmes d’Erzeroum et de Sivas, recrute de nouvelles troupes, augmente et perfectionne son matériel de guerre, proclame enfin qu'il ne déposera les armes qu’après que le dernier soldat hellène aura évacué l’Asie Mineure et la Thrace, et que ¡’indépendance et l’intégrité de la Turquie auront été reconnues sans restriction ni réserve. Je voudrais mettre en lumière une autre face de cette histoire, et marquer les phases principales de la lutte intérieure qui mettait aux prises, à Angora, les partisans de deux systèmes politiques opposés. Dès l’origine du ¡mouvement, au Congrès d’Erzeroum, l’antagonisme se révèle entre Moustapha Kemal et ses amis, qui ue se soucient pas de rompre complètement ni avec Constantinople, ni avec les puissances occidentales, et les intransigeants qui, au contraire, sont tout prêts à sacrifier la Turquie d’Europe, déclarent que l’avenir de leur pays est en Asie, et, décidés à lutter contre l’Occident, (cherchent un appui à l’esl : en Perse et en Afghanistan, au Caucase et en Russie. La question demeure ouverte encore aujourd’hui, et il s’agit de savoir si ce sont les « Orientalistes » ou les« Occidentalistes » qui feront triompher en Turquie leurs aspirations et leur politique. En observant les péripéties de cette dispute, qui ne se rappellerait comment le même problème s'était posé devant l’empire byzantin ? Lorsque les rçscrits souverains qualifiaient officiellement l’Asie de