CONSTANTINOPLE ET LE CONTRÔLE INTERALLIÉ 35 lieu si flagrant, si caractérisé, que les musulmans de Stamboul en interdisent l’accès à leurs familles, et que la police ottomane a reçu l’ordre d’expulser les femmes turques non accompagnées qui seraient rencontrées, de jour ou de nuit, dans un café ou dans un restaurant pérote. Tout cela n’est pas fait pour rehausser, dans l’opinion des Turcs, le prestige de la civilisation occidentale. On objectera que de tels inconvénients accompagnent nécessairement la présence, dans une ville occupée, de forces militaires considérables et le plus souvent inactives. Rien n’est plus exact, et toute la question est de savoir s’il était vraiment indispensable de prolonger aussi longtemps l’occupation de Constantinople. J’observe en outre que l’attitude et les mœurs des diverses troupes alliées présentaient entre elles des différences très remarquables. La tenue des Italiens était presque toujours parfaite; celle des Français donnait très rarement sujet à critique ; au contraire les Anglais témoignaient hautement de leur mépris pour la population indigène et du sentiment qu’ils avaient de se trouver dans une colonie ou dans un pays conquis, en se permettant tout ce qu'ils s’in-terdisent généralement chez eux. Sans entrer ici dans des détails que connaissent tous ceux qui ont passé dernièrement par Constantinople, je ne citerai qu’un fait particulier. Les francs-maçons anglais avaient invité à une assemblée récréative les membres italiens des loges qui se rattachent au rite écossais, en les priant de s’y rendre avec leurs familles. Plusieurs officiers de l’armée et de la marine italiennes vinrent avec leurs femmes : ils trouvèrent leurs « frères » britanniques si mal accompagnés, qu’ils