122 LA QUESTION TURQUE bus des traditions nationales, pour aider vos spécialistes à accorder les unes aux autres. Ce qui me paraît certain, c’est que la restauration de la Turquie ne saurait résulter que d’une collaboration entre ces deux éléments : la technique étrangère et l’esprit indigène. Vous nous apporterez votre science, votre expérience ; nous mettrons à votre disposition la connaissance que nous avons de notre pays, de notre race, de ses qualités et de ses défauts; et de l’effort commun sortira un système vivant, une organisation naturelle, par conséquent efficace. — Mais ne craignez-vous pas, Monsieur le Ministre, que les événements de ces dernières années, en exaspérant le sentiment national, n’aient développé dans le pays une xénophobie redoutable? — Non, le peuple turc n’a pas de haine contre l’étranger : il est impressionnable, mais plus sensible au bien qu’au mal, et sa reconnaissance est longue comme sa mémoire. Pensez à l’Angleterre : il fut un temps où elle nous protégeait : les Turcs ne l’ont pas encore oublié. L’Angleterre peut être aujourd’hui pour nous la cause de grands malheurs : n’est-ce pas elle qui nous livre au nationalisme radical, au panislamisme, et peut-être au bolchévisme? N’importe, le souvenir de ses bienfaits antérieurs est encore vivant parmi nous. La grande majorité des Turcs est sympathique aux étrangers et favorable à leur intervention, pourvu que les étrangers respectent les traditions de la race, l’honneur et l’indépendance de la nation, tout ce que cette terre a fait naître, et doit continuer de faire vivre. » Tandis que Hussein Kiazim parlait, un murmure mélodieux s’était élevé du jardin proche; puis il