CONSTANTINOPI.E KT T.E CONTRÔLE INTERALLIÉ 49 souvent encore par intuition que par correspondance. Toutefois les agents de liaison ne manquent pas, entre l’Europe et l’Asie ; enfin nous recevons assez régulièrement les journaux analoliens. 11 est vrai qu’à Constantinople la vente en est interdite ; mais il n’est pas de club et presque pas de café où n ne les trouve. « Quant à notre programme, je n’ai pas qualité pour le définir dans tous ses détails, et les circonstances peuvent le modifier. Néanmoins, je puis vous indiquer les idées directrices du groupe auquel j’appartiens, et qui travaille en union étroite avec les nationalistes d’Asie. Le groupe se compose essentiellement d’intellectuels, de professeurs d’université, d’étudiants et de journalistes. Nos principes sont, du moins dans la forme, ceux du Tanzimal : nous voulons réformer la Turquie, en faire un pays ¡»moderne et civilisé, tout en réservant expressément W’instilulion monarchique et la foi religieuse. Nous ^moulons développer ou introduire dans notre pays le ^parlementarisme, la liberté de conscience, l'émancipation de la femme. Mais, pour le fond, nous différons d’avec les anciens réformateurs, et plus encore d’avec les Jeunes-Turcs de 1908. Ceux-ci étaient des idéalistes, ou même des idéologues ; nous sommes des réalistes. Ils s’exaltaient aux idées de liberté et d'égalité, nous nous inspirons surtout de l’idée nationale. « Le malheur nous a conduits à prendre mieux conscience de nous-mêmes. A l’Empire ottoman, entité métaphysique, nous voulons substituer ¡’Empire turc, réalité ethnique et politique. Nous limitons notre domaine aux seuls territoires où les