CONSTANTINOPLE ET LE CONTRÔLE INTERALLIE 47 dévorée. Or elle n’a que deux moyens d’agir: ou marcher carrément avec les Anglais, ou marcher carrément avec les Bolehéviks. » Au fond de leur cœur, ils ne souhaitent point que la Turquie s’engage dans la première voie, qui ne les ramènerait certainement pas au pouvoir. La seconde semble ouvrir des perspectives plus favorables à leurs des-eins politiques et à leur ambition. « Moustapha Kemal et les hommes qui l’entou-¡rent n’envisagent pas la situation de la même manière. Pour eux, tout est subordonné à un but unique, exclusif : la défense du sol national, le salut de l’empire ottoman. S’ils ont traité avec le gouvernement de Moscou, c'est d’abord parce qu’ils étaient dans la nécessité absolue d’assurer un de leurs fronts, pour consacrer toutes leurs forces à défendre l'autre ; c’est ensuite parce qu’ils avaient besoin d’un matériel de guerre, que seuls les Russes [étaient en état de leur fournir sans retard. Le gouvernement d’Angora a conclu un accord formel avec celui de Moscou ; mais il n’en interdit pas moins l’accès de son territoire aux agents de propagande lue Lénine essaie d’introduire en Anatolie ; il n’en relient pas moins en prison les directeurs des deux journaux que le « Comité d’action pour l’Orient » avait fondés à Trébizonde et à Eski-Chéhir, et qui ont dû, l’un et l’autre, cesser leurs publications. « Ce n’est pas à dire que le bolchévisme ne joue aucun rôle dans les desseins de Moustapha Kemal. Pour le chef du mouvement national turc, le bolchévisme constitue la réserve suprême, l’extrême ligne de repli. La pensée de Kemal pourrait, à ce qu’il semble, s’exprimer par ce dilemme : « Ou les