142 LA QUESTION TURQUE « En résumé, je ne doute pas que le peuple turc ne parvienne au degré de civilisation et de progrès des nations modernes sans sedétacherdel’Islam.et même qu’il y parvienne par l’Islam; d’abord, parce qu'une interprétation de plus en plus large et intelligente permet d’accommoder nos préceptes religieux- au nouvel ordre social ; ensuite, parce que notre peuple reste attaché profondément aux croyances et aux traditions des ancêtres, et que c’est sur ces croyances et ces traditions qu’il fondera sa grandeur. La guerre, qui nous a fait tant de mal, nous a pourtant procuré un bien : elle a ouvert les yeux et détruit l’illusion de ceux, qui, parmi nous, s’étaient forgé de la civilisation européenne une conception idéale et paradisiaque. Loin de concentrer obstinément ses regards sur l’Occident, notre jeunesse d’aujourd’hui cherche ses raisons de vivre en elle-même, dans les vertus de sa race ; c’est vers l’Islam qu’elle se tourne, et vers la solidarité musulmane. » * +■ * L’union intime, indissoluble, entre religion et législation était un des caractères sur lesquels Fa-tim Effendi avait insisté avec le plus de force. Il semblait y voir, pour sa part, une garantie d’ordre, une raison d’harmonie et même un ferment de progrès. Beaucoup d’Occidentaux soutiennent au contraire que le lien qui attache étroitement, dans l’Islam, l’ordre juridique et l’ordre social à la doctrine religieuse du Coran condamne les nations musulmanes, et en particulier la nation turque, à une