LA TURQUIE ET LES PUISSANCES 225 le Parlement ottoman fut envoyé en vacances, et le Sultan offrit, dans Yildiz-Kiosk, un garden-party en l'honneur des membres des deux Chambres. En sortant du palais, l’auto de Djemal dépassa les chevaux d’un général, qui depuis a joué un rôle important. Djemal fît arrêter, revint sur ses pas et monta dans la voiture du général. « Que doit faire la Turquie ? demanda-t-il. — Le général répondit: « Rester neutre, d’abord. Mais, si elle était obligée de prendre parti, elle devrait aller du côté de l’Angleterre et de la France. — Pourquoi ? — Pour des raisons militaires : ce sont les seules qu’il me soit permis d’invoquer. Les Empires centraux n’ont aucun contact avec nous ; ils ne peuvent ni nous défendre, ni nous attaquer. L’Entente peut faire l’un et l’autre, puisqu’elle est maîtresse des mers. Enfin dans l’En-tente, il y a la Russie, dont la Turquie est incapable de soutenir le choc. — Vous avez raison, — dit Djemal. » Le lendemain, lui, le ministre delà Marine, se faisait donner le commandement de la IIe armée ! Évidemment son parti était pris : l’orgueil et l’intérêt avaient été plus forts que les bonnes raisons du général. Vous savez le reste, et comment Talaat, Enver et Djemal, d’accord avec M. de Wangenheim, imposèrent au Sultan l’alliance avec l’Allemagne et l’entrée de la Turquie dans la guerre. » X... bey avait bien défini la méthode par laquelle l’Allemagne, moins directement intéressée que la Russie, l’Angleterre ou la France dans les affaires de l’Orient, avait fait accepter par les Turcs sa présence, puis son influence, enfin sa volonté. Il faut revenir sur cette politique, dont la guerre mondiale a bouleversé le plan et interrompu le cours, mais