134 LA. QUESTION TUliQUE truits, vivant au cœur de la capitale, et qui, dans quelque temps, enseigneraient dans les écoles ou prêcheraient dans les mosquées ! M... Bey, dont le père fut Cheik-ul-Islam, et qui avait lui-même connu de près le monde ecclésiastique, en parlait toujours avec un certain mépris. Sentiment raisonné, ou simple préjugé d’aristocrate? c’est ce que je ne démêlais pas bien. « Étant enfant, — disait-il, — j’ai dû prendre mes repas avec mon père et les fonctionnaires religieux du Cheik-ul-lsla-mat. Tous prenaient dans le plat avec leurs doigts. Mon père fut critiqué très vivement pour avoir fait mettre sur la table des assiettes et des fourchettes. Plus tard,q uand j’ai pu mieux observer ce qui se passait autour de moi, j’ai trouvé les prêtres ignorants, corrompus, ennemis de tout progrès. Administrateurs légaux des biens des orphelins, ils volaient ou laissaient voler sans vergogne. Conseillers influents au Palais, ils acceptaient cyniquement les subsides des missions étrangères, dont ils devenaient les instruments. Voilà ce qu’il en était autrefois : je crains que, depuis lors, cela n’ait pas beaucoup changé. » J’avais grande envie de contrôler par moi-même l’exactitude de ces jugements, de connaître les dispositions actuelles du haut clergé, enfin d’approcher quelques-uns de ses membres les plus éminents et de causer avec eux. Plusieurs fois, on m’avait vanté l’érudition et l’originalité de Fatim Efl'endi, hodja, théologien et astronome. Il était professeur à l’Uni-versité de Stamboul et directeur de l’Observatoire. Un jeune romancier turc, qui manie sa langue et la nôtre avec une aisance égale et possède un talent