LA. TURQUIE ET LES PUISSANCES 263 même ses anciens alliés de ce coûteux engagement. Dès que l'Amérique fut entrée dans la guerre, M. Wilson remit sur le tapis la question de Constantinople. Il l’envisageait, il est vrai, sous un aspect religieux et, pourrait-on dire, sentimental : les Turcs, massacreurs de chrétiens, devaient être expulsés de l'Europe. Quant à savoir qui l’on mettrait à leur place, la question n’était même point posée. Cependant M. Wilson était dans son rôle et l’opinion américaine n’eût point excusé son silence en cette matière. Il y aura bientôt soixante ans que les premiers missionnaires venus d’Amérique se sont installés en Turquie d’Asie ; ils limitèrent d’abord leur action au nord de la Mésopotamie et à une étroite région du plateau arménien ; les massacres de 1895-96 leur donnèrent l’occasion de l’étendre à la plus grande partie des vilayets orientaux. En 1912, j’ai trouvé les Américains installés à Van et à Bitlis, à Orfa et à Aïntab, à Mardin et à Karpout. Ils possèdent aussi dans les autres régions de l'Asie turque de nombreux établissements d’instruction et d’assistance, dont le plus important est le Syrian Protestant College de Beyrouth. Enfin, la plus grande, la plus luxueuse maison d’éducation que des étrangers aient jamais fondée à Constantinople est une maison américaine : le Robert College, qui comprend, outre des écoles primaires supérieures et secondaires pour les deux sexes, une école professionnelle et un institut commercial. En même temps qu’ils recueillaient les orphelins, soignaient les malades, ouvraient des ateliers de la-pis et des écoles d’arts et métiers, les missionnaires américains menaient une active propagande reli-