LES MINORITÉS NON-MUSULMANES EN TURQUIE 205 tiquée par le gouvernement de Gonstantinople, qui divisait pour régner. Mais les Grecs du royaume se montrent en général tolérants, ou môme indifférents. Voyez ce qui s’est passé à Salonique : la lutte était permanente et parfois très violente entre Grecs et Juifs ; elle a cessé du jour où la majorité grecque s’est trouvée composée d’Hellènes immigrés. Le même apaisement ne manquera pas de se produire ailleurs. De la part de l’élément grec, vous n’avez à craindre ni fanatisme religieux ni nationalisme xénophobe. — Alors, — demandai-je — comment se fait-il qu'à Smyrne, les autorités helléniques se sont acharnées contre toutes les entreprises françaises? On nous a laissé réparer à nos frais le chemin de fer de Smyrne-Cassaba et prolongements : après quoi, on nous fait savoirqu’il allait être réquisitionné, sans indemnité, pour les besoins de l’armée hellénique ; on s’est emparé pareillement de nos mines de lignite à Soma... et je pourrais multiplier les exemples. — Oh ! — répondit mon interlocuteur, cela, c’est autre chose. Il n’y a pas de régime plus élatiste que le régime grec. Il fait une guerre si impitoyable aux initiatives et aux entreprises privées, que tous les Grecs actifs, entreprenants, quittent un pays où ils savent qu’il n'y a rien à faire, et s’en vont exercer leurs talents à l’étranger, où ils s’enrichissent. Les faits que vous invoquez ne trahissent aucune hostilité à l’égard de la France : ils prouvent seulement que les fonctionnaires venus d’Athènes appliquent, partout où on les envoie, les méthodes traditionnelles de leur gouvernement. »