LES TURCS ENTRE l'oCCIDENT ET L’ORIENT 87 pêcher tout rapprochement entre le gouvernement (l’Angora et les puissances de l’Entente. L’Angleterre étant suffisamment compromise par sa propre politique, c’est contre l’Italie et surtout contre la France que la presse devait s’acharner. On a vu plus haut comment elle s’acquittait de cette mission. En même temps qu’ils manœuvraient l’opinion, les délégués bolchéviks agissaient sur l’Assemblée et sur le gouvernement. La défiance de Moustapha Kemal était difficile à endormir ; sa résistance fut longue et se traduisit quelquefois par des actes violents : emprisonnements, expulsions. Mais lorsque le chef du mouvement nationaliste eut rompu avec Constanlinople, il sentit le besoin de s’appuyer sur quelque chose : à partir de ce moment, l’évolution devint rapide. L’aide offerte par le gouvernement de Moscou fut acceptée, les ministres d’Angora prirent officiellement le litre de Commissaires du Peuple ; le vendredi, quand la musique militaire jouait Y internationale sur la grand’place, les Turcs assis dans les cafés se levaient et les officiers faisaient le geste du salut. Le 10 mars 1921, était signé à Moscou le traité formel d’alliance, qui couronnait les longs efforts de la diplomatie bolchéviste en Anatolie. Le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale de Turquie et la République Fédérative et Socialiste des Soviets Russes décidaient la conclusion d'un accord, destiné à assurer entre les deux pays des relations amicales et fraternelles. Les parties contractantes s’engageaient mutuellement à ne pas reconnaître les conventions internationales qui leur seraient impo-