182 LA. QUESTION TURQUE rations nationales ne sont point dirigées dans le même sens que celles des chrétiens et ne tendent point au même but. Tout au plus demanderons-nous, à l’occasion, que notre situation particulière et nos privilèges traditionnels soient garantis formellement par celles des grandes puissances qui décideront du sort de l’Orient. » J’ai recueilli d’autres témoignages, qui ne font guère que confirmer celui-là. Il m’a paru que les Juifs de Conslantinople, et en général ceux du Levant, attendaient, en observateurs patients et nullement passionnés, les résultats- de l’entreprise poursuivie d’un commun effort en Palestine par les chefs du mouvement sioniste et parles agents officiels du gouvernement anglais. L’accord entre les uns et les autres n’est pas un mystère : à Garlsbad, Mr. Glerk, ministre plénipotentiaire de Sa Majesté Britannique près la République tchéco-slovaque, inaugurait lui-même les travaux du congrès sioniste, en prononçant un discours chaleureux et en donnant lecture de la Déclaration du 2 novembre 1917 (déclaration Bal-four), que les sionistes considèrent comme leur charte; au même congrès,le docteur Weizmannfaisait un éloge enthousiaste de l'œuvre accomplie par le gouverneur anglais, sir Herbert Samuel, qui, ajoutait-il, « est notre ami ». En dépit d’une si puissante protection, les Sionistes n’obtenaient en Palestine qu’un succès médiocre. Les chrétiens et les musulmans, qui forment ensemble la très grande majorité de la population, s’insurgeaient contre l’hégémonie juive, que les autorités britanniques essayaient d’imposer. Les financiers anglais qui, au début, avaient paru s’intéresser