88 LA QUESTION TURQUE sées contre leur volonté. La Rassie reconnaissait l’intégrité du territoire turc, dans les limites définies par le Pacte national du 28 janvier 1920. La Turquie cédait à la Géorgie, devenue bolchévique, la ville et le port de Batoum. La Russie déclarait nuls et non avenus le régime des capitulations et les obligations qui en résultent. Les deux parties convenaient d’ouvrir les Détroits à la navigation de toutes les nations et de confier l’élaboration d’un règlement international sur cette matière à une conférence composée des délégués des États riverains. Le gouvernement des Soviets déclarait la Turquie libérée de tous les engagements financiers et de toutes les conventions conclues avec l’ex-gouverne-ment des Tsars. Les parties contractantes s’engageaient à ne pas tolérer sur leurs territoires respectifs le séjour d’organisations constituées en vue de s’arroger un droit de gouvernement sur le pays d’origine de ses membres ou de lutter contre ce pays. Elles convenaient enfin de compléter au plus tôt ce traité par des accords consulaires, économiques et financiers. On voit de quel esprit s’étaient inspirés les négociateurs : c’est contre l’Europe occidentale, ses privilèges et ses contrôles qu’étaient évidemment dirigées les stipulations les plus importantes de la convention turco-bolchéviste. Il est assez piquant de rapprocher ce texte de celui des deux accords signés à Londres par Békir Sami avec la France et avec l’Italie, surtout si l’on songe que l’une et les autres ont été conclus par le môme gouvernement à un intervalle de quelques jours. L’aversion et la défiance que le bolchévisme inspirait aux patriotes