LES TURCS ET L’ISLAM A la fin du siècle dernier, Émile Faguet fixait en quelques lignes sincères et profondes la forme sous laquelle lui apparaissait la question d’Orient : « L'Europe en cette question, écrivait-il, croit avoirdeux intérêts : le premier, que les longs détroits qui unissent la mer Noire à la Méditerranée soient possédés par un peuple faible, qui n’ait pas la puissance de les interdire à personne. Pour cette raison, elle s’entend sur le maintien de l’Empire ottoman à Constantinople. Ce qu’elle veut, ce n’est point que les Turcs y soient, mais que la Russie n’y soit pas. Son second intérêt serait que les Turcs, tout en restant faibles, ne fussent point barbares. On a besoin, pour le commerce, pour l’industrie, pour la circulation européenne, pour toutes les relations internationales, que l’Europe ne soit pas séparée de 1 Asie par un peuple qui a une administration déplorable, des moyens de communication défectueux, toutes sortes de vexations et désagréments pour les voyageurs, qui fait à peu près la solitude là où il règne, et en un mot à travers lequel il est très difficile de passer.