46 LA QUESTION TURQUE ver. De nombreux Unionistes se battent dans l’armée de Kemal ; quelques-uns, une dizaine environ ont été envoyés à la Grande Assemblée où, jusqu’à présent, ils semblent exercer peu d’influence; enfin on en trouve dans les « à-côtés » de la politique, dans les organisations de propagande, dans les journaux d’Angora. Mais je suis convaincu, pour ma part, que si Djemal, Enver, ou tel autre des anciens chefs du parti voulait entrer demain en Anatolie, il trouverait porte close. « La plupart des Unionistes sont aujourd’hui nationalistes. Mais, dans le mouvement d’Anatolie, ils constituent un élément de médiocre importance. D’autre part, cette diversité d’origine et de tendance que je vous rappelais tout à l’heure, et que les événements n’ont pas atténuée, est pour euxune cause de faiblesse et une occasion de malentendus. Ainsi vous entendrez soutenir ici, dans certains milieux, que Y Union et Progrès fait à Angora le jeu des Bolché-viks russes, à qui les Juifs servent d’intermédiaires. Cela est vrai de quelques fanatiques et de quelques aventuriers qui, ayant trouvé refuge en Anatolie, y vivent des subsides de Moscou, comme ils vivaient naguère à Constantinople des subsides de Berlin. Mais on ne saurait sans injustice impliquer tout le parti de Y Union dans la folie du bolchévisme ou dans l’ignominie de la trahison. « La vérité est que, entre les directions préconisées par les Unionistes et celles dont s’inspirent les chefs du gouvernement d’Angora, il y a des différences profondes. Les Unionistes se sont faits les apôtres d’une politique d’action. « Si la Turquie reste passive, — ainsi raisonnent-ils — elle sera