LES TURCS ET L’iSLAM 129 pose une instruction populaire plus méthodique et plus largement répandue. Nous avons encore en Turquie au moins 80 pour 100 d’illettrés. Il nous faut donc tout un enseignement primaire approprié à l’intelligence de notre peuple. Le Turc ne sait naturellement ni abstraire ni généraliser. Sa mémoire est pénétrante, mais détaillée, jusqu’à la minutie. Un paysan anatolien, devant qui vous aurez démonté et remonté deux ou trois fois un moteur d’automobile, est capable d’exécuter ensuite lui-même, très exactement, toute l'opération et de devenir, au bout de quelques mois d’apprentissage, un excellent mécanicien. La mémoire visuelle, en particulier, est si développée chez les Turcs des classes populaires, que l'instruction par le cinéma peut donner ici des résultats merveilleux. « Ce que je recommande surtout, c’est la décentralisation de l’enseignement, même primaire. Qu’on ne donne pas la même instruction aux enfants d’ouvriers, à Constantinople, et aux enfants de cultivateurs en Ànatolie. Que l’enseignement devienne une fonction variée et vivante. Malheureusement, notre personnel enseignant est peu préparé à son métier : les maîtres d’école, mal payés, routiniers, sans contact avec les gens parmi lesquels ils vivent, sont incapables d’exercer sur eux une bonne influence. La direction même de notre enseignement s’est ressentie des variations de notre politique. Nous nous étions inspirés d’abord des méthodes françaises ; puis les Allemands nous ont imposé les leurs ; aujourd’hui nous revenons aux vôtres. Je sais qu’on nous reproche quelquefois notre manque de constance. notre « dispersion » : ce n’est pas un défaut