LES TURCS ET l’ïSLAM 163 jour; et en réfléchissant sur cette prétendue antinomie entre l’Islam et le progrès, que l’Occident semble avoir subitement découverte, je me suis quelquefois rappelé l'explication qu’Akil Muktar Bey, bon savant et bon musulman, m’avait donnée de ce verset du Coran:« Toute vérité scientifique est aussi une vérité religieuse. » On peut attendre beaucoup d’une religion qui reconnaît et proclame cette identité. En dressant naguère la liste des œuvres créées et multipliées à travers tout l’Orient par le merveilleux effort de la France, j’observais que, si nos universités, nos collèges et nos écoles avaient vivement frappé l'esprit des Orientaux, nos hôpitaux, nos dispensaires, nos asiles d’enfants et de vieillards avaient plus directement encore touché et gagné leur cœur (1). Les musulmans, en particulier, m’avaient paru mesurer le degré de civilisation d’un peuple étranger, moins encore à la perfection de ses méthodes scientifiques qu’à la constance et à la générosité de ses efforts pour soulager, sous toutes ses formes, la misère humaine. La science les remplit d’admiration, mais ils éprouvent pour la charité et pour ceux qui l’exercent, comme un respect religieux. Les peuples musulmans ne font ainsi qu’honorer plus particulièrement chez les autres les vertus (1) Voir M. Pernot : Rapport sur an voyage d'étude à Constantinople, en Égypte et en Turquie d'Asie (Paris, Firmin-Di-dot, 1913), p. 280 et suiv.