82 LA QUESTION TURQUE accords de Londres par FAssemblée d’Angora, la démission de Békir Sami et le remaniement du cabinet nationaliste (mai 1921). L’autorité de Moustapha Kemal est mise en échec ; lui et ses amis sont traités en suspects, pour avoir voulu conclure la paix avec l’Occident. Ceux qui triomphent sont les Unionistes, et plus particulièrement les Unionistes demeurés fidèles aux principes radicaux et xénophobes de Talaat, d’Enver et de Djemal. Ils révèlent alors hardiment leurs desseins : la Turquie doit être reconstruite sur des bases nouvelles, former un grand empire exclusivement asiatique ; elle n’admet aucun contrôle et se refuse même à toute collaboration avec les grandes puissances d’Occident. C’est le moment où le gouvernement d’Angora négocie des accords avec l’Afghanistan et avec la Perse, où Djemal Pacha, l’ancien ministre de la Marine, est officiellement chargé de réorganiser l’armée afghane, tandis qu’Enver, l’ancien ministre de la Guerre, envoie de Bakou des émissaires à Trébizonde, avec mission de préparer son retour en Analolie. L’Unioniste radical Yonous Nadi, qui fut chargé par le Comité d’accompagner et de surveiller Békir Sami à la Conférence de Londres, et qui, de retour à Angora, a fourni aux accusateurs du ministre leurs meilleurs arguments, consacre le triomphe de son parti dans un article-programme publié le 11 mai par le Yêni-Gunê, sous ce titre caractéristique: « Orient ou Occident? » Les ambitions et les convoitises de l’Europe occidentale — déclare Yonous Nadi — sont incompatibles avec le but que poursuit la Turquie. Malgré l’état de misère où il est réduit, l’Occident refuse de reconnaître l’indépendance des Tures ; tant