LES TURCS ET L’iSLAM 153 une bête de somme, l’accable de travail et ne lui épargne pas toujours les mauvais traitements. Les chrétiens que nous sommes ne peuvent se défendre de tenir pour inférieure une société où la polygamie et l'esclavage sont réputés légitimes et, pour ainsi dire, consacrés par la religion. Le lecteur n’aura que trop aperçu, à travers des conversations dont j’ai voulu reproduire fidèlement, sinon la teneur intégrale, du moins la physionomie et l'ordonnance, combien il est difficile d’accorder deux dialectiques aussi différentes que celles d’un chrétien d’Europe et d’un musulman d’Orient. Chacun d'eux a sa méthode de pensée et de discussion, qui n’est pas celle de l’autre; mais il ne faut pas que celte difficulté à se comprendre soit érigée, par malveillance ou paresse d’esprit, en obstacle absolu. J’avoue que, chez les savants turcs, certains procédés scolastiques, certains arguments tirés des mots plus que des faits, m’ont semblé puérils; je ne doute pas que, de leur côté, ils aient jugé de même incongrue telle de mes réflexions, ou telle de mes objections ridicule. Leur pensée, leur discours ne procèdent pas comme les nôtres et notre méthode leur paraît peut-être désordre, comme à nous la leur. Nous n’en devons pas moins essayer mutuellement de nous comprendre. Un jour que je me plaignais à Akil Mouktar Bey, doyen de la Faculté de médecine de Constantinople, de la difficulté que j’éprouvais à comprendre les