LA TURQUIE ET LES PUISSANCES Pendant des siècles, la Turquie a été pour les grandes puissances de l’Europe, non pas précisément un champ de bataille, mais un terrrain de compétition et de discorde. Selon les prévisions de quelques hommes politiques, elle devrait le rester jusqu’à sa mort, c’est-à-dire jusqu’au démembrement complet et définitif de l’Empire ottoman. De bons esprits, moins versés, il est vrai, dans la politique que dans l'histoire, dans l’étude des races, des institutions et des religions, estiment que l’Empire ottoman a encore un rôle à jouer dans le monde, et qu’il n’est pas indifférent que ce rôle soit joué par lui ou par quelque autre Etat qu’on lui aurait substitué en raison de circonstances ou d’intérêts particuliers. Ils ne méconnaissent point les difficultés, les dangers du régime qui fait vivre sous l’autorité, tout au moins nominale, d’un même souverain, des populations appartenant à des races, à des religions, à des civilisations différentes. Mais ce mélange même leur paraît offrir cex-tains avantages, que des réformes sagement imposées pourraient développer et affermir.