CONSTANTINOPLE ET LE CONTRÔLE INTERALLIÉ 51 Asie comme en Europe, et c’est au nom du calife que Moustapha Kemal enrôle les paysans anatoliens pour la défense de la patrie et de la foi. » Le rédacteur en chef de l'Ikdam, tout en insistant peut-être avec quelque complaisance sur la modération du programme nationaliste, avait fort bien marqué les différences qui le séparent de celui de l’Union. Entre l’un et l’autre, il y a la grande guerre et l'échec 4ésaslreux du système politique conçu par Talaal, Enver, Djemal et leurs amis. Sans doute, on peut rattacher le mouvement kémaliste de 191g au mouvement jeune-turc de 1908; mais c’est méconnaître une partie de la réalité que de vouloir les confondre. Le Kurde Loufti Fikri Bey, ancien député du Dersim et l’un des leaders de l'Entente Libérale, au temps où ce parti groupait autour des Turcs modérés les allogènes: Arabes, Arméniens, Kurdes et Albanais, avait formulé un jour devant moi ce jugement frappant, mais sommaire: « La révolution d’Angleterre fut inspirée par un principe religieux, la révolution française par des idées philosophiques ; celle qui se prépare en Anatolie s’accomplira par la force et au nom d’une idée nationale. » Encore faut-il définir exactement cette idée. Est-ce l’idée ottomane? Nous avons vu que les nationalistes de Constantinople, par nécessité ou par conviction, semblent l’avoir abandonnée. La conception dont ils se réclament aujourd’hui m’a paru