16 LA. QUESTION TURQUE de Commerce ont fait entendre à Paris de justes doléances. A Constantinople, nos commerçants, nos hommes d'affaires renouvellent à chaque instant leurs réclamations. Tous obtiennent la môme réponse : « Attendez la ratification du traité de paix. » Or l’attente menace d’être longue, les affaires souffrent et la morale encore davantage. J’ai connu à Péra un affréteur, pour le compte de qui un Grec avait touché indûment à Londres une prime d’assurance de 20.000 livres sterling. L’escroquerie n’était pas douteuse; mais le Grec refusa de rendre l’argent, sachant fort bien qu’il n'existait aucune juridiction devant laquelle il pût être cité. Mon homme est ruiné et le Grec mène tranquillement, avec l'argent volé, une existence fastueuse. Le premier soin des gouvernements alliés devrait être de réorganiser les tribunaux de police, en leur donnant un statut légal et une compétence définie. Si l’on pense qu’en raison de l’occupation, ces tribunaux doivent être militaires, qu’on laisse juger les militaires. Mais qu’il soit bien entendu d’abord qu’ils appliqueront strictement une législation déterminée d’après une procédure certaine, ensuite qu’aucune des trois puissances occupantes ne sera subordonnée aux autres, mais que toutes seront également représentées. Si l’on peut, à la rigueur, confier aux militaires l’administration de la justice pénale, il ne saurait être question d’étendre leur compétence aux affaires civiles et commerciales : il faut ici des juges professionnels, des magistrats ou des consuls. La solution la plus équitable consisterait assurément à associer l’élément ottoman à l’élément interallié. Avant la