42 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS l’adRUTIQCE blique ne fut pas satisfaite des vagues déclarations de Tourville. Elle adressa un mémoire au Roi, dans lequel elle demanda une réparation pour l’injure qu’elle avait subie. « Le Roi, concluait le mémoire, ne peut pas exiger de la République qu’elle viole publiquement la neutralité contre une grande puissance qui lui est proche en faveur d’une autro grande puissance qui est éloignée d’elle. Le roi ne peut pas vouloir exercer ses rigueurs contre un peuple affaibli par le tremblement de terre, dont le monde entier admire la constance dans la foi catholique, au milieu du mahométanisme, foi qu’elle cultive dans une grande partie de l’Europe soumise à la domination des Ottomans par ses colonies de Belgrade, de Sofia, de Filippopoli et de beaucoup d’autres beux dans lesquels, grûce à la République, les barbares permettent l’invocation du Christ et l’adoration de la Croix » Le Roi ne donna pas de suite à cet incident, mais un fond de défiance lui resta à l’endroit de Raguse : il n’aimait pas les républiques et son règne est rempli de démêlés aveo elles ! Dans une dépêche de M. de Varengeville, ambassadeur de France à Venise, à M. Colbert de Croissy, nous retrouvons l’écho de cet incident. A la nouvelle de la mission de Gradi, Varengeville écrivait le 6 août 1679 à Croissy : « On m’a assuré que l’abbé Gradi, Ragusois, bibliothécaire du Pape, se dispose secrètement à partir de Rome pour aller en France demander au Roy quelques secours d’argent pour Raguse ; mais cette République ne l’a guère mérité par la conduite, qu’elle a tenue dans le temps, que les troupes de Sa Majesté estoient en Cicile 2. » 1. Mémoire de 1675. Affaires étrangères, Raguse, 1.1, fol. 25. 2. Affaires étrangères, Yenise, Correspondance politique, 103, fol. 26.