2 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L'ADRIATIQUE Les églises de cette ville catholique par excellence étaient vers neuf heures du matin remplies de fidèles pour assister à la lecture de la Passion. Les patriciens attendaient sous les voûtes du Palais Public, ce mélange admirable de style roman et gothique, le son de la cloche qui les appellerait dans la salle du Conseil. Le Recteur, Simon Ohetaldi, assistait avec sa famille à une messe basse dans la chapelle ducale. Tout à coup, un tremblement «de terre qui dura, d'après les témoignages des contemporains, l’espace de temps qu’il faut pour réciter un Ave Maria, fit crouler une partie des édifices publics et presque toutes les maisons privées de la capitale. Le second étage du palais des Recteurs s’écroula en écrasant le Recteur avec toute sa famille et un grand nombre de membres du Grand Conseil. Les quatre principales églises de la ville : Sainte-Marie Majeure, Saint -Biaise, Saint-François et. Saint-Dominique n’étaient pins qn’un amas de décombres. Les magnifiques cloîtres des denx ordres des Frères Mineurs et des Frères Prêcheurs, datant de l’époque de leurs fondateurs, furent gravement endommagés. Tons les Mi fices publics furent rendus inhabit ables. Quant aux habitations des particuliers, plus des deux tiers croulèrent et ensevelirent sons leurs décombres la moitié de la population de la ville. L’aristocratie fut décimée. Cinquante-huit membre* du Grand Conseil périrent dans cette terrible journée. Le Sénat et le Conseil Mineur n’existaient plus que de nom. Les autres villes et les lies de la République : Stagno Grande et Stagno Piccolo, Mezzo et Giuppana, Meleda, la contrée de Canali et Ragusa-Vecchia, l'ancienne Epidaure, tout fut en partie détruit et dépeuplé. Le lendemain, un violent incendie se déclara. Il acheva l'œuvre de destruction. Le résident des Etats Généraux à Constantinople, Crooker,