214 LA MONARCHIE FRANÇAISE DANS L’ADRIATIQUE Etat. Tout en transmettant à Vergennes la lettre de la Chambre, il énonçait un principe qui faisait honneur au nouveau règne. « Il ne me paraît pas équi- I able — écrivit-il à son collègue 1 — de priver une nation de ses propres ressources et de son industrie, sur le prétexte qu’elle peut nuire à notre navigation... » II abandonnait à Vergennes le soin d’examiner la question de fait. Elle fut résolue par la négative et on n’en parla plus. Ce n’était pas au moment de conclure un arrangement commercial avec la République qu’on pouvait chercher à lui faire la guerre dans 1 ; Levant. Les négociations se poursuivaient à Versailles entre Vergennes et Sartine d’une part, l’abbé Mocoli aidé par son neveu et successeur, Favi et Boscovich de l’autre. H s’agissait, en même temps, de savoir où seraient conduites les négociations officielles et où l’acte diplomatique serait signé, à Versailles ou à Raguse. Sur ce point il y eut un échange de notes entre Sartine et Vergennes. Elles sont inspirées par un sentiment qui fut presque inconnu au gouvernement de Louis XV, par le sentiment du respect pour la souveraineté des Etats, même quand ils sont petits et parce qu’ils sont petits. « H répugneroit sans contredit à la bonté de Sa Majesté — écrivait Sartine le 26 septembre — d’user de sa puissance pour faire la loy à un petit Etat, mais Raguse ne doit pas en abuser pour chercher à éloigner de chez elle les François et en prenant pour base du traité des principes d’équité et des convenances, je dois penser qu’on retireroit- de cet arrangement des avantages réciproques. » Sartine se prononçait pour les négociations définitives à Raguse « sauf l’approbation que Sa Majesté se réserveroit de donner sur le compte qui luy en seroit rendu par 1. Affaires étrangères, Raguse, I, fol. 180.