RAGUSE ET LA RUSSIE (1770-1775) 103 par la Russie, elle est moins importante qu’on ne le croit communément. » Ragnina dîna le soir même à Potsdam chez le prince royal et repartit pour Vienne. Kaunitz avait repris la politique de Léopold Ier. Il avait signé avec le ministre de la République, Bona, le renouvellement du traité de protection. C’était, la réalisation d’une partie des conseils de Ragnina. « J’ai une haute estime pour Votre République et je l’aime — lui dit Marie-Thérèse — parce qu’elle est tranquille, sage et chrétienne. » C’était peut-être une allusion à la Pologne qm, chrétienne, mais non tranquille et sage, avait été dépecée par l’Impératrice-Reine « au nom de la Sainte Trinité ». Hélas, ce certificat de bonne conduite décerné à la République de Saint-Biaise n’empêchera pas le petit-fils de Marie-Thérèse d’annexer la « vertueuse » Raguse comme elle avait annexé la « turbulente » Pologne ! Le 20 janvier 1775 Ragnina arriva à Pise. Il assista à l’enlèvement par Orlov de l’aventurière qui se faisait passer pour fille de l’impératrice Elisabeth et qui depuis trois ans inquiétait vivement Catherine. La République de Raguse fut mêlée aux aventures de cette femme mystérieuse, appelée à tort princesse Tarakanovna. Elle devint, après une course aventureuse à travers l’Europe, le jouet du prince Charles Radziwill, le rival de Poniatowsky. Après sa défaite par les clients des Czartoryski (combat de Slonim, 20 juin 1764), Radziwül s’enfuit en Autriche et continua d’intriguer contre Poniatowsky, devenu le roi Stanislas-Auguste de Pologne. En 1774, il rencontra à Venise l’aventurière, qui se faisait appeler « princesse Elisabeth de Voldomir » après avoir été MUe Frank, Mlle Scholl, Mme Trémouille, Eléo-uore et Betti et avoir failli devenir la femme du prince Ferdinand de Lhnburg-Styrum. Radziwill avait en- 13