TRAITÉ DE VIENNE 1684. RAGDSE Aü XVIIl' SIÈCLE 69 ractérisent les rapports étroits de l’aristocratie avec le peuple des campagnes. Et cela est dû à l’élément ethnique slave, qui a laissé subsister une sorte d’esprit démocratique à côté de la déférence que les nobles, par un traitement long et patient, avaient su inculquer aux masses rurales. Ce fait constaté par tous les observateurs, par tous les hommes politiques qui ont visité et connu Kaguse au xvme siècle, est le meilleur éloge du patriciat ragusain. Les publicistes du xvri® siècle ne proposaient-ils pas comme modèle aux républicains anglais l’exemple de Raguse, pour cette heureuse alliance de l’esprit démocratique avec une constitution d’optimats 1 ? En 1763 on vit à Raguse un exemple sans doute unique d’anarchie, gouvernementale dans les républiques aristocratiques La République resta pendant plusieurs mois sans chef et sans conseils. C’était une époque très difficile pour les rapports de Raguse avec les Grandes Puissances. Prise entre deux factions de nobles, la machine publique s’était arrêtée. Or, on vit un jour le peuple des campagnes et les bourgeois se rendre en masse au Palais pour supplier les patriciens de ne plus s’entre-déchirer et de reconstituer un gouvernement. Et c’est au cri populaire de : « faites la paix ! » que l’oligarchie ragusaine reprit les rênes de l’Etat. Pour achever ce tableau, forcément sommaire, de Raguse au xvnie siècle, il nous faut consacrer quelques pages au mouvement intellectuel de la petite République. A vrai dire, il y avait dans la phalange des hommes de lettres ragusains du xvuie siècle de quoi déconcerter les observateurs superficiels, nnbus de Voltaire et du tour national et railleur des 1- Cf. Kovalevsky. La chute d'une aristocratie (Venise), Turin, *™l, p. 2